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Les auditions, réunions et échanges animés par les rapporteurs ont permis de poser plusieurs constats partagés. L’inclusion numérique nécessite d’abord un portage politique fort. Il semble nécessaire de mettre en place, au service de l’inclusion numérique, un dispositif représentatif et incluant toutes les parties prenantes tout en disposant d’une déclinaison territoriale efficace (Témoignage de Frédéric Dubois, Médiateur Numérique, Tarn sur la plateforme en ligne).

En outre, alors que de nombreux schémas (les SDTAN, les SDAASAP, les SDUS, la SCORAN) et structures (Instance nationale partenariale du programme DCANT, commissions régionales de stratégie numérique) existent déjà dans le champ numérique, tous les auditionnés et les contributeurs ont insisté sur la nécessité de prendre en compte l’existant et de ne pas créer d’outil supplémentaire (Témoignage d’Emmanuel Vivé, Département de l’Oise).

Comme le souligne l’AVICCA, les SDUS et CRSN constituent deux avancées qui devraient permettre, d’une part, d’établir un diagnostic de l’existant (notamment en matière d’inclusion) et d’autre part, de noter des évolutions sur la prise en compte de ces sujets par les exécutifs, les services nationaux et locaux.

Alors que le déploiement des infrastructures a tendance à phagocyter l’ensemble des sujets « numériques » dans les instances où la thématique « numérique » est abordée de manière transversale, il paraît important d’aborder le sujet des « usages » à part. Aujourd’hui, l’inclusion et la littératie numériques sont encore trop insuffisamment prises en compte dans les débats des instances existantes.

Apporter des réponses à la question des usages numériques suppose par ailleurs de bien diagnostiquer les forces en présence - les structures concernées par cet enjeu sont souvent nombreuses et variées -sur le territoire.

Sylvie Cabassot du CGET explique que la gouvernance se décide une fois les acteurs recensés et identifiés. Le recensement est donc primordial. Il est nécessaire de s’adresser à des structures déjà fédérées, d’avoir une définition claire de ce que sont l’inclusion et la médiation numériques et de définir explicitement l’objectif d’une action coordonnée. De manière corrélée, le besoin de transversalité entre les différentes typologies d’acteurs apparaît essentiel à satisfaire. Au-delà des structures qui sont exclusivement dédiées au numérique, d’autres instances qui ont trait à l’accompagnement et à la médiation sociale sont concernées (régies de quartier, PIMMS, CCIAS, CCAS, médiathèques, etc.). Les enjeux de la politique de la ville et de l’inclusion numérique semblent en adhérence ; la coordination des acteurs concernés par l’inclusion numérique (grands opérateurs, lieux de médiation numérique, etc.) pourrait ainsi se faire sur le même modèle d’animation que celui du dispositif de la politique de la ville dans les quartiers prioritaires.

Initiative Mediacap de Vannes par Anne Le Hénanff

Des médiateurs “volants” travaillent depuis 20 ans à l’accompagnement de tous les publics. L’initiative part d’un constat : les personnes en situation d’exclusion « ne vont pas toujours d’elles-mêmes se rendre dans les espaces de médiation. 12% des habitants de Vannes sont aujourd’hui en situation d’exclusion numérique, sans compter ceux nouvellement touchés par la dématérialisation des services publics ». La réussite de l’initiative tient à la mise en commun de tous les acteurs concernés. Comme tous les sujets numériques, le thème de l’inclusion numérique est un sujet transversal, il y a un besoin de travailler avec des COPIL transversaux au sein de la municipalité (éducation, social,…).

Organisation d’ateliers « Numérique pour tous » à Montrouge

Le succès de ces ateliers repose sur une alliance originale de multiples partenaires : la ville de Montrouge, l’Office Public de l’Habitat, des entreprises privées, des acteurs du secteur social ainsi qu’une coordination de bénévoles. Chaque partenaire participe via la communication, à la mise à disposition de matériel, de locaux ; ce qui permet de délivrer des formations gratuites et dépourvues de financements publics ou de subventions. La gouvernance de cette initiative est fondée sur deux éléments :

  1. un protocole de référence répartissant les responsabilités et engagements de chaque partenaire
  2. un comité se réunissant régulièrement pour suivre l’avancement et les points d’attention relevés régulièrement par la coordination.

Au-delà de l’union, le seul gage de la réussite est la coalition des différents acteurs. Il faut donc créer les conditions d’une réflexion et d’une action commune avec tous les acteurs locaux à fédérer tout en écoutant les territoires. Les contributions sont unanimes à ce sujet : la réussite d’une stratégie d’inclusion numérique repose sur l’adoption d’une démarche résolument collective et collaborative qui laisse la place à l’émergence locale – au droit à l’initiative locale selon les mots de Claudy Lebreton – tout en proposant une dynamique nationale permettant d’apporter une réponse coordonnée et mutualisée, et par conséquent plus efficace. L’enjeu est alors de réussir à faire passer à l’échelle des expériences inspirantes en bénéficiant de l’atout principal d’une instance locale : sa souplesse. Cela suppose notamment de garantir un maillage fin du territoire. Les acteurs et structures locales bénéficient d’un ancrage en proximité, souvent au contact des publics fragiles (Témoignage de l’Association Familles Rurales) ; ancrage utile pour mieux atteindre et accompagner les personnes exclus du numérique.