Aborder les enjeux de l’inclusion numérique suppose de poser un diagnostic précis et complet sur les usages numériques des Français et les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans la maîtrise des outils numériques. Cela suppose aussi de procéder à un état des lieux des acteurs impliqués et de recenser les initiatives réussies en lien avec cette thématique. Ce document est une synthèse des contributions déposées sur la plateforme de consultation, des 25 ateliers territoriaux, d’auditions avec différents acteurs et de réunions de travail.
L’enjeu de la transformation numérique n’est pas que technologique. Il est aussi culturel. Agir pour la montée en compétences numériques est donc la condition du développement d’une société numérique performante et humaine.
Dans un contexte de numérisation croissante des démarches et de transformation numérique des politiques publiques (télémédecine, smartcities, télétravail, etc.), l’Etat doit garantir à tous l’accès à leurs droits et aux services publics. En faisant la promesse de diffusion d’une culture numérique à l’ensemble des citoyens, il renforcera sa capacité d’adaptation aux évolutions technologiques qu’il connaît, dont la diffusion et la complexification croissante renforcent chaque jour le risque d’exclusion.
- Objectif de 100% de dématérialisation des démarches administratives en 2022
- 13 millions de français en difficulté avec le numérique en 2017
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Depuis décembre 2017, une démarche collective est menée au niveau national afin d’élaborer une stratégie pour un numérique inclusif. L’ambition: construire un cadre commun de référence, fédérer l’ensemble des parties prenantes (élus, associations de collectivités territoriales, acteurs de la médiation numérique, opérateurs publics et privés, associations, etc.), et outiller les collectivités locales pour in fine mieux répondre aux besoins des Français.
- 13 rapporteurs en charge de 4 groupes de travail réunissant l’ensemble des parties prenantes ont collaboré et participé à l’élaboration de ce rapport.
- Une concertation en ligne a été ouverte entre janvier et mars 2018, permettant le recueil de plus de 300 contributions écrites issues de tous les territoires.
- 25 ateliers ont été organisés de Guéret à Lille en passant par Moulins, Lyon et Dijon, Orléans et Clermont-Ferrand.
- 150 structures ont été auditionnées.
La mission Société Numérique coordonne le travail et garantit notamment l’articulation de la stratégie avec les autres projets gouvernementaux.
Si ce document constitue la synthèse des travaux menés tout au long de ces 5 mois et conclut cette première phase de concertation et de recommandations, la démarche itérative et dynamique va néanmoins se poursuivre. Une plateforme sera mise en ligne afin d’outiller les collectivités dans la mise en œuvre de leurs stratégies locales (outils d’aide au diagnostic des besoins des publics, cartographie, sources de financement disponibles et partage d’expérimentations et de bonnes pratiques). Les premières ressources agrégées sur cette plateforme sont précisées dans les parties recommandations détaillées plus loin. Des solutions opérationnelles seront également engagées.
Proposition de définition de 3 niveaux d’accompagnement au numérique
1- Les urgences numériques:
La personne a besoin d’une réponse, d’une assistance efficace et rapide. Apprendre n’est pas son objet premier, pas plus que l’autonomie. L’enjeu est de ne pas perdre un droit ou une allocation, de ne pas encourir une pénalité.
Il s’agit de faire, dans l’immédiateté souvent à la place du bénéficiaire, et de manière sécurisée. Les “urgences numériques”, corollaire des précarités numériques, correspondent à une demande effective des citoyens. Pour autant ceux-ci n’identifient pas les professionnels de la médiation numérique qui sont d’ailleurs peu à proposer une offre de service spécifique. Elles ne débouchent que rarement sur l’autonomie, mais permettent d’enclencher une démarche d’inclusion numérique.
2 - L’inclusion numérique
La mise en autonomie progressive est ici visée, soit par l’accompagnement, soit par l’identification d’un aidant de proximité récurrent.
L’inclusion numérique ne constitue pas une demande formulée par les citoyens. Il s’agit d’un besoin, parfois d’une attente mais qui n’est pas formulée comme tel par les bénéficiaires potentiels. Ce besoin demande anticipation, capacité de formalisation de celui-ci et s’inscrit dans un durée courte à moyenne. Elle permet d’aller vers l’autonomie numérique.
3 - La montée en compétence numérique :
Il s’agit d’augmenter le pouvoir d’agir, de permettre à chaque citoyen de comprendre et d’entreprendre dans la société numérique. L’appropriation numérique est la condition de l’autonomie et et de l’émancipation numérique. C’est un parcours long. Mais qui produit une autonomie durable et permet le repositionnement permanent du bénéficiaire quel que soit le contexte (emploi, parentalité, relations sociales) et l’évolution des outils et des usages.